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Plan de la conférence donnée par Denis Moreau à l'occasion de l'Assemblée générale des Baptisé.e.s du Grand Paris

le 1er avril 2023

 

 

  • Le problème général : comment se relever/réveiller vaille que vaille des catastrophes qui nous frappent ?

  • Deux façons de considérer la croyance : est-ce que c’est vrai ? (approche « épistémique / aléthique ») ; qu’est-ce que cela change à ma vie ? (approche « pragmatique »).

  • Sept principes opérant dans les « situations résurrectionnelles »

  • Conclusion

•••

• « Si tu crois dans ton cœur que Dieu a ressuscité Jésus d’entre les morts, alors tu seras sauvé » (Lettre aux Romains 10, 9)

• « La puissance [...] que Dieu déploie pour nous, les croyants, c’est l’énergie, la force, la vigueur qu’il a mises en œuvre dans le Christ lorsqu’il l’a ressuscité d’entre les morts » (Lettre aux Éphésiens 1, 19-20)

• « Si le Christ n’est pas ressuscité, vide est notre message, vide aussi votre foi. [...] Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est illusoire » (Première Lettre aux Corinthiens 15, 14-17)

 

• anistanai : faire se lever, relever

egerein : réveiller, tirer du sommeil

hypsoûn, hyperypsoûn : éléver, surélever ; anabainein, monter ; doxadzein, glorifier

 

Luc 24, 6-7 : « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, mais il est ressuscité. Rappelez-vous comment il vous a parlé quand il était encore en Galilée : ‘il faut que le Fils de l’Homme soit livré aux mains des hommes pécheurs, qu’il soit crucifié et que le troisième jour il ressuscite’ » / « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, mais il est réveillé. Rappelez-vous comment il vous a parlé quand il était encore en Galilée : ‘il faut que le Fils de l’Homme soit livré aux mains des hommes pécheurs, qu’il soit crucifié et que le troisième jour il se relève’ ».

 

Sept principes opérant dans les situations résurrectionnelles

 

- Principe 1 : Avoir foi en la résurrection du Christ, c’est croire que la mort n’est pas le terme absolu de nos vies (aussi bien la mienne que celle des autres).

 

- Principe 2 : Avoir foi en la résurrection du Christ, c’est croire que, quelle qu’ait été la chute que nous avons connue, nous pouvons nous en relever ; que, quel que soit le degré d’engourdissement auquel nous sommes parvenus, nous pouvons nous en réveiller ; et que ce double mouvement de relèvement et de réveil peut conduire à un état supérieur, préférable à celui où nous nous trouvions avant la chute et l’engourdissement.

 

- Principe 3 : Avoir foi en la résurrection du Christ, c’est croire qu’il y a une dimension corporelle dans une vie de ressuscité, autrement dit ne jamais tenir pour négligeables la place, la fonction et les exigences du corps au cours des diverses opérations de résurrection dans lesquelles nous sommes engagés.

 

- Principe 4 : Croire que Jésus (comme homme) est ressuscité (au passif), c’est admettre que, lorsqu’on est terrassé, abattu ou engourdi, on ne se relève ou ne se réveille pas par ses propres forces, mais qu’on a besoin pour ce faire des autres (voire de l’Autre) ; c’est donc savoir qu’il ne faut pas hésiter à demander, ou susciter, de l’aide, que ce soit celle de Dieu, celle des autres, ou celle de Dieu se déployant par le truchement de celle des autres.

 

- Principe 5 : Croire que le Christ est ressuscité, ce n’est pas rechercher le négatif et la souffrance pour eux-mêmes, mais lorsqu’on les rencontre, c’est juger que si profond que soit le sentiment de déréliction où nous sommes parvenus, si indépassables que nous semblent les catastrophes qui nous frappent, nous ne devons jamais considérer que tout est définitivement perdu.

- Principe 6.1 : La puissance de la foi au Christ, ici moins compris comme ressuscité (un jour, une fois pour toutes) que comme ressuscitant (une puissance actuelle de relèvement orientée vers un avenir), nous rejoint de façon prioritaire dans les différents enfers et sans-issue existentiels que nous traversons, pour nous aider à en sortir.

- Principe 6.2 : La puissance de la résurrection vient nous rejoindre dans nos enfers existentiels. Mais on doit accepter qu’elle agisse dans la durée : il faut du temps pour ressusciter. La patience est un des « fruits de l’Esprit Saint », c’est-à-dire un don par lequel se communique la vie de Dieu (voir Gal 5, 22).

- Principe 7 : Avoir foi en la résurrection, c’est aussi relire les Évangiles en croyant non seulement qu’ils expliquent comment la puissance de la résurrection nous rejoint, mais aussi, plus profondément et dans une optique « performative », que cette lecture rend opérante cette puissance de résurrection. Cette dernière peut nous transformer, non seulement face à la mort stricto sensu, mais aussi dans nos diverses expériences de sommeil, de chute et d’engourdissement. C’est notamment le cas dans l’expérience de la faute, ou du péché, et du pardon.

 

• « Si par impossible, à mon lit de mort, il m’était manifesté avec une évidence parfaite que je m’étais trompé, qu’il n’y a pas de survie, que même il n’y a pas de Dieu, je ne regretterais pas de l’avoir cru ; je penserais que je me suis honoré en le croyant, que si l’univers est quelque chose d’idiot et de méprisable, c’est tant pis pour lui, que le tort n’est pas en moi, d’avoir pensé que Dieu est, mais en Dieu, de n’être pas »

Auguste Valensin, Autour de ma foi, Paris, Aubier, 1948, p. 55
(Cf. Curé d’Ars : « Si, à ma mort, je m’aperçois que Dieu n’existe pas, je serai bien attrapé, mais je ne regretterai pas d’avoir passé ma vie à croire à l’amour »)

• « L’annonce de la mort et de la résurrection du Christ, c’est pour le chrétien la lecture d’un chiffre de l’histoire où est attesté le surplus du sens sur le non-sens. Dans le langage de saint Paul : là où le péché abonde, la grâce surabonde. Être chrétien, c’est déchiffrer les signes de cette surabondance, dans l’ordre même où l’humanité exprime son dessein. Le chrétien, c’est l’adversaire de l’absurde, le prophète du sens. Non par volonté désespérée, mais par reconnaissance que ce sens a été attesté dans les événements que l’Écriture proclame. Mais ce sens, le chrétien n’a jamais fini de le détailler […] La résurrection est l’affirmation de cet événement que la mort du Christ n’est pas défaite pure, mais instauration d’une histoire pour tout homme. C’est le surplus du sens sur le non-sens, qui est l’intention fondamentale de cette prédication de l’Église qui va s’objectiver dans des récits très matérialistes comme le tombeau vide. C’est cette affirmation qu’il y a plus de sens que de non-sens ; que cette affirmation inaugure la vie, et toute vie et toute histoire. C’est un mouvement d’espérance, une ouverture de la carrière du nouvel homme ».

Paul Ricœur, Plaidoyer pour l’utopie ecclésiale, Genève, Labor et Fides, 2016, p. 17 et 87.

 

• « Du fond de la vie, une puissance surgit, qui dit que l’être est être contre la mort. Croyez-le avec moi ».

Paul Ricœur (dans une lettre écrite peu de temps avant son décès à une amie elle-même au seuil de la mort), Vivant jusqu’à la mort, Paris, Seuil, 2007, p. 144.

 

Date
Samedi 1 avril 2023 - 10:00 » 14:30
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